Daniel Buren

Artiste (1938)

Depuis le début de sa carrière dans les années 1960, Daniel Buren a cherché à développer de nouvelles méthodes visant à redéfinir l'expérience visuelle. Il choisit d'abord d'éliminer toute référence illusionniste ou expressive de la peinture et de la ramener à un « degré zéro ». Il réduit alors le contenu pictural à une répétition et une alternance de bandes verticales blanches et colorées mesurant 8,7 cm de largeur (la toile de store qui lui servait de support pour sa peinture). Depuis plus de quarante ans, ces bandes ont engagé Buren dans une pratique artistique questionnant la limite traditionnelle assignée à la peinture et à l'espace d'exposition. Travaillant exclusivement in situ, il a révélé au travers d'innombrables expositions dans le monde, l'énorme potentiel visuel de cet « outil » invariable, adapté à la spécificité de chaque site, intérieur ou extérieur. Car, explique-t-il, « L'architecture quelle qu'elle soit est en fait le fond, le support et le cadre inéluctable de toute œuvre ». Qu'il s'agisse du Pavillon de la Biennale de Venise en 1986 dont la façade était recouverte de miroirs découpés en bandes, de son travail au Centre d'Art Contemporain de Genève en 1989 où le musée était lui-même enveloppé (Une enveloppe peut en cacher une autre), des Cabanes éclatées inaugurées en 1975, de l'endossement par un gardien du musée d'Eindhoven d'un gilet rayé en 1981 ou de l’aménagement en 1994 de la Place des Terreaux à Lyon, Buren élabore une œuvre qui se donne comme une « machine à amplifier la vision du réel » (Catherine Francblin) et à le transformer. Ainsi que le soulignait Hubert Damisch lors d'un dialogue public avec Buren, la transformation des lieux en d'immenses sculptures à l'échelle de l'architecture peut être entendue comme définition de son travail. Les spectaculaires jeux de renvois et de distorsion d’Arguments topiques en 1991 au CAPC de Bordeaux en constitue une expression privilégiée, tout comme son exposition Le Musée qui n'existait pas en 2002 au Centre Pompidou à Paris. Il a défini ses positions dans de nombreux textes, depuis Limites critiques en 1970 jusqu'à l'ouvrage Le Musée qui n'existait pas en 2010.

Daniel Buren entame sa formation dans l'atelier de peinture et décoration générale de l'Ecole des métiers d'arts de Paris. Après s'être fait connaître en remportant le prix de la Biennale des jeunes en 1965, il fonde le groupe B.M.P.T. en 1966 avec Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni. Sa première grande exposition Points de vue a lieu à l'A.R.C. (Musée d'Art Moderne, Paris, 1983) et inaugure une carrière internationale. Plusieurs rétrospectives lui ont été consacrées, à Stuttgart en 1990, au CAPC de Bordeaux en 1991 notamment. Parmi les nombreux prix qu'il a reçus, on note le Lion d'Or du meilleur pavillon à la Biennale de Venise en 1986, le Grand Prix National de Peinture à Paris en 1992 et le Premium Imperiale pour la peinture à Tokyo en 2007.

Nadine Labedade

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