Betty Bui

Artiste (1967)

Le travail de Betty Bui interroge simultanément plusieurs espaces : l'espace physique de l'architecture et l'espace immatériel du motif et de l'image. Ses sculptures ou, plus précisément, ses « constructions » avec leurs motifs empruntés à l'architecture (fenêtres, portes, chaises, bancs) remettent en question nos habitudes perceptives. Elle renverse les rapports d’échelle, multiplie ou efface les points de fuite, brouille les limites entre l’intérieur et l’extérieur, le privé et le public. Betty Bui s’intéresse tout particulièrement aux liens pouvant se tisser entre les objets qu’elle construit et les lieux qu’elle investit, que ce soit leur histoire, leur fonction, ou les gens qui y résident ou y circulent. L’analyse systématique du contexte constitue le support conceptuel de chaque intervention. En 1999, avec Gilles Coudert, elle a ainsi proposé à sept artistes d’investir Benifallet en Espagne pendant les fêtes traditionnelles. Pour cette Primera Estació (« première station » en catalan), elle a posé sur le fleuve des traces de pas géantes en lattes de bois pour relier le village à l’ancienne gare et renouer ainsi avec une histoire passée. En 2003, elle posait une Tache de chaleur avenue Pierre-Mendès France à Paris, dans le cadre de Nuit Blanche. Estrade ou banc en bois, tache surdimensionnée dans l’espace de la ville, cet objet hybride interrogeait notre rapport individuel et collectif à l’espace public. C’est également ce qui est en jeu dans Tapis vagues, une installation dans le parc du château de Chamarande, où les tapis concentrent à une échelle réduite l’image du territoire. Vision lointaine et proche, objet et image fusent ici dans cette volonté d’identifier l’objet à son espace d’inscription. Invitée en 2004 à investir l'hôtel particulier d'une galeriste, Betty Bui y a installé un mobilier fantasmé, hybridation d’un mobilier de style Louis XVI et d’objets érotiques, hommages à L’Hôtel Particulier de Serge Gainsbourg et à Sade. Plus récemment, Para-sols (2008), Candel'arbres (2009) pour l'île de la Réunion, Lit'vre (2008), en jouant sur une association de mots, invitent aussi à expérimenter physiquement un monde à la fois connu et, ici, re-connu.

Betty Bui a étudié à l’École des Beaux-Arts de Saint-Etienne et à Barcelone. Elle vit et travaille principalement à Paris, tout en menant de nombreux projets à l’étranger. Plusieurs expositions personnelles ont jalonné sa carrière. Elle a participé au Festival Rayon Frais à Tours (2008) et au Lou Tempo Festival, Saint-Leu, Ile de la Réunion (2009).

Nadine Labedade

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