Marinus Boezem

Artiste (1934)

Marinus Boezem acte son premier geste artistique en 1960, « exposant » un fragment de polder comme s’il s’agissait d’une de ses œuvres : il crée un dispositif donnant à voir ce panorama, et invite des personnes à l’utiliser. En 1963, « découvrant l’air comme purification, comme réalité, comme conquête de l’espace », Boezem commence à s’intéresser à toutes les formes, objets et phénomènes qui peuvent lui être associés, comme le vent ou le souffle de la respiration. Il signe ainsi un ventilateur en 1965, puis imagine des environnements, comme des tables dont les nappes blanches sont soulevées par un ventilateur. La nature fugace de l’air le conduit à développer des formes artistiques éphémères, à travailler sur la question de la dématérialisation de l’œuvre. En 1969, il signe le ciel, utilisant les gaz rejetés par un avion pour écrire un nom – le sien – qui disparaît aussi rapidement qu’il s’est dessiné. Boezem est alors considéré comme l’un des principaux représentants des mouvements de l’art conceptuel et de l’Arte Povera aux Pays-Bas, aux côtés de Jan Dibbets et Ger van Elk. Ses actions sont aussi éphémères que légères et témoignent d’un étrange pouvoir de l’homme sur les éléments naturels. Fasciné par les mythes d’Orphée et d’Icare, l’artiste interroge le rapport de l’homme à ces éléments naturels fondamentaux, à travers la création d’environnements complexes intégrant l’air, la lumière, le son – voire l’humain (L’uomo volante, 1979, performance). En 1978, Boezem imagine un projet grandiose, une Cathédrale verte érigée dans la nature à l’aide d’un pavage de béton et de 178 peupliers italiens ; elle sera réalisée en 1987. Appelée à tomber en ruine, à perdre ses piliers naturels, la cathédrale verte restera ainsi malgré tout visible par son dallage, plan au sol. Réintégrant progressivement dans ses œuvres des matériaux durables et presque éternels, comme le granit, Boezem questionne le point de vue de l’homme face à la nature, une nature artificielle, recréée.

Né aux Pays-Bas, Marinus Boezem participe en 1968 à l’exposition Structures gonflables au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, présentant deux Air-Sculptures et une Air-Structure, et prend part à l’exposition Quand les attitudes deviennent formes (1969) à la Kunsthalle de Berne. Parmi ses dernières expositions personnelles figure A volo d'ucello à Middelburg en Hollande (2010).

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