Louidgi Beltrame

Artiste (1971)

À travers ses vidéos et ses installations, l’artiste Louidgi Beltrame interroge les vestiges de l’architecture moderniste. Empreint de littérature d’anticipation, son travail s’attache à révéler la part inconsciente et les phénomènes de déliquescence de lieux marqués par la catastrophe ou de cités idéales construites au cours du XXe siècle. Envisageant l’architecture comme un objet narratif, il élabore un système d’analogies entre le cinéma et le modernisme architectural, « machines à rêver et à contrôler » selon l’artiste, qui contribuèrent à l’édification de l’inconscient collectif du XXe siècle. Si ses vidéos – qui tiennent autant du documentaire que de la fiction – s’envisagent comme des récits et leurs dispositifs de projection comme des parcours, elles échappent néanmoins aux lectures linéaires ou totalisantes que proposent traditionnellement le cinéma et l’architecture. Dans Les dormeurs (2006), l’artiste filme des figurants endormis dans le sous-sol d’une banque d’Hiroshima, bâtiment miraculeusement épargné par l’explosion nucléaire et aujourd’hui restauré. À ces plans se succèdent ceux montrant un hôpital militaire américain délabré sur l’île de Yakushima. Pour Brasilia/Chandigarh (2008), il recourt à la fiction pour structurer le film et mettre en regard les deux villes nouvelles historiques. Les personnages – comédiens ou badauds – paraissent esseulés au milieu des formes monumentales, vides et fantomatiques. Dans CineLândia (2012), Beltrame accompagne des vues de la maison de l’architecte Oscar Niemeyer, aujourd’hui désertée et envahie par la végétation, de la lecture de Tecnicamente Dolce, script du cinéaste Michelangelo Antonioni. Par la juxtaposition des plans, des lieux et des langages, l’artiste tend ainsi à favoriser le glissement sémantique et les associations d’idées tout en offrant une représentation éclatée et labyrinthique qui immerge le visiteur dans le chaos d’un « futur arrivé à sa fin ».

Diplômé de la Villa Arson, de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Marseille et du Fresnoy – Studio National des Arts contemporains, Loudgi Beltrame vit et travaille à Paris. Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles (Jeu de Paume, Paris, 2006 ; Musée d’Art Moderne et Contemporain, Strasbourg, 2008 ; Les Eglises, Chelles, 2010 ; Galerie Jousse, Paris, 2012) et collectives (Palais de Tokyo, Paris, 2003 et 2006 ; Fondation Ricard, Paris, 2007 ; Muzeum architektury, Wroclaw, 2010 ; Le Plateau, Paris, 2010). Il a bénéficié d’une résidence hors-les-murs de la Villa Médicis en 2006.

Gilles Rion

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