Paul Andreu

Aérogare de Paris, Roissy I, 1968

Conçue à partir de 1967 et mise en service en 1974, l’Aérogare Roissy-I, espace de transit, de transformation, qui place l’homme dans un état d’entre-deux, est un lieu de tensions qui expose l’individu à des expériences physiques, intellectuelles et poétiques. Accédant au terminal en voiture par un entrelacs de routes, le passager éprouve un cheminement quasi initiatique et glisse progressivement vers un espace compact, de la lumière à l’ombre, dans une confusion des limites. Membrane épaisse de béton brut, fermée et centrée sur elle-même, Roissy-I est l’un des premiers aéroports où les fonctions ne sont pas déployées horizontalement mais organisées verticalement, au sein d’un volume tronconique, dense et restreint. C’est un échangeur où sont concentrés les espaces fonctionnels de manière à réduire le plus possible le trajet séparant la voiture de l'avion. Aux deux niveaux traditionnels, départ et arrivée, Andreu ajoute un étage intermédiaire pour le transfert. Celui-ci se fait par un « cratère » central, véritable nœud topologique, cône de vision, seule source de lumière naturelle dans le bâtiment. Espace réservé, interdit à tout visiteur, il inaugure le voyage. Depuis ce seul lieu de l’aérogare, le ciel est visible, première promesse de l’envol. En évidant le centre du monolithe, point géométrique où tout converge et où l’on se perd, l’architecte a fait de cet espace non seulement un lieu de circulation traversant le vide en droite ligne mais un espace poétique, allégorie du voyage et de l’ascension vers le ciel.

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