En 2001, Saâdane Afif fut invité par le centre d’art Le Creux de l’Enfer à Thiers pour l’exposition Mise à flot. Sa proposition consistait alors en une « réhabilitation » du site sous des abords sensoriels multiples. Un grand panneau peint de 4 x 3 mètres réalisé à partir d'une esquisse de l'artiste Delphine Coindet couvrait en partie la façade du bâtiment. Le cours de la Durolle avait été détourné pour venir noyer une maquette hyperréaliste de l’ancienne usine devenue centre d’art, afin de la purger de son histoire. Ainsi, à travers Le Centre d’art (2002), Saâdane Afif s’inspire de cette intervention et reconstitue dans une version customisée la maquette du Creux de l’enfer sous les eaux. Des petits miroirs décorent la surface extérieure de la maquette, transformée en « boule » de discothèque, objet illusionniste par excellence. Des entrelacs de bandes en carton bleues semblent couler de trois fenêtres. Telle une « ruine brillant de tous ses feux », Le centre d’art devient ce producteur « d’illusion », à l’instar de toute maquette. À son propos, S. Afif déclare, non sans ironie : « Elle est inspirée du Creux de l’enfer à Thiers où j’avais détourné le cours d’eau pour qu’il coule dans le centre d’art. Ici, elle jette, elle est un peu fashion : pour Paris, il fallait une exposition un peu chic. »
