Vito Acconci & Robert Mangurian

Espace public pour Washington State University, Seattle, 1988

« L’espace doit être public au sens où il est un lieu de rencontres, de discussions et d’échanges. En d’autres termes, cela devient un lieu où bougent les esprits mais aussi un lieu susceptible de faire forum. » V. Acconci

Pour le campus de la Washington State University, situé à Seattle et fréquenté par de nombreux étudiants, Acconci et Mangurian ont imaginé un espace retiré, à l'abri de la trépidation urbaine. Ils s’inspirent du modèle du monastère, espace à la fois communautaire et propice à la réflexion individuelle. Les reliefs du terrain sont transformés en oasis, les toits terrasses des locaux administratifs sont détournés de leur fonction pour devenir champ de blé, pâturage, respiration dans un espace qui s’apparente à une vaste forêt. L'architecture donne naissance à la nature qu'elle a soulevée du sol vers le ciel. Une série d'éléments miniatures, portables, est sculptée et placée pour incarner l'expansion et l'incursion dans l'espace vital. A l'image de sangsues, ils rampent, se cramponnent sur les bâtiments, enveloppent les salles de cours, grimpent aux murs. Cette occupation visuelle des lieux est amplifiée par les haut-parleurs qui diffusent constamment dans les arbres, comme si on les avait dotés de parole, des sons envahissants. Partout des tours s'élèvent, tels des guetteurs, dans une jungle à la géométrie artificielle. L'ensemble des photo-textes, où se conjuguent collages, écrits, surimpression de mots, ainsi que l'ensemble des dessins, retracent un processus de recherche spatiale dont le contenu essentiel demeure le même que celui qui animait Vito Acconci dans les années 1960, celui de la mobilité du corps et de sa sollicitation dans l'espace. L'architecture, dans ce projet, devient performance.

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